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les fanfics d'Aë

La musique de la nuit (OS)

6 Juillet 2016 , Rédigé par Aësälys Publié dans #OS

Résumé: Chaque nuit, la princesse d’Egypte traverse le lac pour retrouver un esclave romain vivant dans les cachots.

Note de l’artiste (cabepfir) : J’ai mélangé la fic prompt #2 avec l’art prompt #2, et le résultat est probablement hors des deux demandes. Mille mercis à mon alpha X et à ma bêta Y pour leur aide. Outils du fanart : plein de genres de pastelles.

Prompt original : Fic : ‘Un compte prenant place à la base en Egypte ancienne. Hermione est la sœur du pharaon, qui est fou d’elle et l’encourage à utiliser son potentiel magique. Le roi est lui-même un puissant sorcier, et est intelligent, malgré sa personnalité et son attitude étranges. Severus est le conseiller en qui le roi a le plus confiance et un puissant sorcier, même s’il est originellement né à Rome (et a été amené en tant qu’esclave en Egypte). Un étranger s’intéresse à la princesse (et est approuvé par le roi), naturellement cela crée des soucis.’ Fanart : ‘Une scène entre Hermione et Snape qui ait le ton sensuel de ‘la Musique de la Nuit’ du Fantôme de l’Opéra.’

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Aë : Le prompt n’a pas trop été suivi…

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Ils se retrouvent dans les cachots du palais, habituellement, où il a son laboratoire pour concocter philtres et breuvages. Soins pour leurs amis, poisons pour leurs ennemis.

Il y a un lac à traverser, avant d’atteindre ses appartements. Il la transporte en bac jusqu’à l’autre rivage et tout du long, il chante.

Pour son frère, il prépare potions et stratégies. Ils passent de nombreuses heures dans la salle du trône, cartes et modèles de l’armée répandus devant eux. L’esclave enseigne à son frère les tactiques qu’ils utilisent dans sa patrie, Rome. Ce sont de bons soldats, les Romains.

Pour elle, l’esclave chante. Il a une voix plaisante, le Romain, aussi mélodieuse et riche que le vin. Elle ne pense pas que ce soit également une caractéristique habituelle des Romains.

Il chante car elle le demande. Elle demande toujours. Il l’emmène au lit car elle le demande aussi.

Pour son frère, le roi, l’esclave fait la guerre. A elle, la princesse, il fait l’amour.

Elle ne sait pas s’il le fait seulement parce qu’il en a reçu l’ordre ou parce qu’il aime ça. Personne ne peut vraiment dire ce que l’esclave pense vraiment. Il est impénétrable.

Et c’est bien, car si leurs ennemis l’attrapaient, ils ne lui feraient jamais avouer ce qu’il fait pour le pharaon ou pour sa sœur.

Non pas qu’il se comporte en esclave sur les autres aspects. Sa langue est tranchante et il n’épargne aucun reproche. Son frère autorise cela ; il dit que le caractère de l’esclave l’amuse. Il est Romain, dit-il, et ils grandissent sur des montagnes, où le sol est dur à labourer, et il faut y grandir solide ou mourir.

Il n’est pas habitué aux douceurs du sud, dit son frère. En Egypte, le soleil règne, et les gens ne résistent pas à son pouvoir. Les actions sont plus lentes, et les heures passent, paresseuses et vaines.

L’étranger clame que cet excès de soleil le dérange, qu’il l’endort. Il a donc demandé une chambre dans les cachots. Le pharaon l’a concédé, car l’esclave est précieux, et il a besoin de lui paré en toute circonstance.

L’esclave préfère la nuit et les ténèbres. Elle préfère les après-midi de paresse, quand d’autres esclaves l’éventent avec des queues de paons tandis qu’elle grignote des raisins pris sur des plats d’or. Elle avait l’habitude de se réveiller à midi pour rester allongée sur un triclinium le reste de la journée. Même si elle adhère aux horaires détendus du palais royal, elle n’est pas complètement indolente. Des professeurs viennent à elle, et elle les écoute avec attention. Elle étudie l’arithmétique, l’astronomie, et la poésie. Elle sait parler huit langues : l’égyptien, le grec, le latin, le perse, le libyen, le syrien, le sanskrit et l’araméen. Et elle vient de commencer à apprendre la magie.

La princesse et l’esclave se retrouvent à minuit. Le pharaon l’ignore. Après tout, il devra épouser sa sœur, un jour. Il ne serait pas bon pour lui de savoir qu’elle prend du plaisir avec un esclave. Un Romain.

L’étranger aussi est un sorcier. Sa magie ensorcelle l’esprit et emprisonne les sens. Elle boit à ses pouvoirs comme un assoiffé à une fontaine.

Quand il chante pour elle, il est le prince, et elle l’esclave à sa merci.

Il chante les profondeurs bleues de la Méditerranée, les espoirs déçus, les affres du pouvoir. Il ne parle ni ne chante d’amour. Tout, entre eux, est fait de non-dits, restant dans les rituels du corps et de l’amusement. Personne ne peut dire à une fille d’Isis qu’il l’aime, de toute façon.

Il est peut-être Romain, mais il a l’air d’un Egyptien. Sa peau est olivâtre, ses cheveux et ses yeux sont aussi noirs que les eaux du Nil la nuit. Seul son nez est grand et crochu, comme celui du dictateur Romain. Ses mains peuvent être solides comme le fer ou soyeuses comme les fins vêtements qu’elle porte et qui ne cachent rien. Sa voix court ses veines comme de la lave. Elle est enivrée par l’étranger, comme elle le serait avec une de ses concoctions.

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Le roi et son esclave partent à la guerre. Ils reviennent des mois après, victorieux. Le roi récompense son stratège plus que tout autre. Or, lins fins, papyrus enluminés, ingrédients précieux pour ses potions. L’esclave tente de refuser les cadeaux, mais ils sont tout de même entassés devant lui.

Les autres conseillers du roi commencent à murmurer contre l’esclave. Ils le suspectent d’être espion de Rome, de comploter contre le royaume de Ra.

Il y a un pacte entre l’Egypte et Rome. Du blé égyptien en échange de non belligérance. Mais seuls quelques crédules pensent que cela peut durer. En fait, tout le monde sait que les Romains sont indignes de confiance et bellicistes.

Un jour, un des Ministres est trouvé mort dans les cachots. Empoisonné. L’esclave est arrêté ; il est accusé d’avoir attenté à la vie du divin Ra lui-même. Le prix de la trahison est la mort.

Son frère, le pharaon, est clément. Il épargne la vie de l’esclave à cause de ses services passés. L’esclave est dépourvu de ses précieux cadeaux et vendu à nouveau. Une galère l’emporte, et elle ignore si c’est pour les Gymésies ou les Cyclades.

Pendant toute une année, elle ne le voit pas. Le soleil est devenu froid, les raisins amers. Personne ne chante pour elle, maintenant. Il n’y a pas de musique pour lui tenir compagnie en dehors du bruit de ses propres pas résonnant dans les passages marqués de colonnes du palais.

Quand elle se sent seule, elle descend aux cachots et traverse le lac sur le petit bateau. Le nouveau sorcier de court, un Maccabéen, a placé ses appartements dans le solarium. Il cherche dans le ciel pour créer horoscopes et auspices. Il n’est pas intéressé par les potions et infusions. L’ancien laboratoire de l’esclave est laissé intact. De nuit, la princesse s’y rend et joue avec les alambics. Elle concocte des soporifiques. Ce qu’elle voudrait obtenir, c’est une potion qui a le goût de sa peau, de sa magie, de sa voix. Elle échoue, chaque fois, inévitablement.

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Le jour vient où elle va épouser son jeune frère, le roi. La cérémonie durera sept heures et sept cent personnes sont invitées. Le travail dans les cuisines ne cesse jamais. Des cadeaux arrivent de toute l’Egypte et de la Méditerranée. De Rome, aussi.

La grande sale brille d’or et d’émaux, et les statues de porphyre des dieux la regardent alors qu’elle approche de l’autel, portée par dix esclaves dans une chaise à porteurs ornée d’or et de gemmes. Ses paupières sont lourdes de poudre de lapis lazuli, et une couche de rubis écrasés fait briller ses joues.

Sous son maquillage, son visage est blanc et vide.

Son frère vient d’avoir dix-sept ans. Il est temps pour lui d’avoir un héritier, un fils d’Isis et d’Osiris. Elle a été éduquée pour cela, mais ne sait pas comment elle pourrait ouvrir ses jambes pour lui. Personne ne l’a touchée après l’esclave.

Les prêtres disent les mots et elle est mariée. Personne ne lui a demandé son opinion sur la question.

Son frère lève une main chargée de bijoux et caresse sa joue, impatient de l’embrasser. C’est le point sans retour. Le monde devient sombre.

Littéralement.

Un voile de nuages ténébreux ombre le plafond doré ; l’éclat des bijoux s’amoindrit. Les sept cent invités restent figés dans leurs sièges, comme si le temps les avait immobilisés. Elle est la seule toujours capable de bouger et respirer.

Non, une autre personne le peut.

Un homme marche vers elle depuis le fond de la salle, tranquillement.

« Excuse-moi le retard » dit l’esclave. J’ai été retenu.

-Tu n’es pas bienvenu dans le royaume de Ra » dit-elle, tremblante. « Tu es un espion et un traître, esclave. »

Il agite de loin son avant-bras gauche. Le bracelet de l’esclavage a disparu. « J’étais esclave. J’ai racheté ma liberté » réplique-t-il.

« Esclave ou pas, tu me forces à te garder en tant que prisonnier, pas comme invité. Tu es un meurtrier.

-Le crois-tu vraiment ? » demande-t-il doucement, et elle mâchonne sa lèvre. « Je n’ai pas tué le Ministre. Il est allé trop loin pour tenter de m’imiter. Il a volé le poison, et en est mort, croyant que c’était un nectar.

-Tu as étiqueté toutes les fioles de tes stocks par des appellations fausses. Je l’ai vu de mes propres yeux. Peut-être l’as-tu fait volontairement.

-Je devais me protéger » se justifie-t-il. « Ou je serais mort de leur jalousie. »

Il commence à monter les quelques marches menant à l’autel. Elle serre les poings.

« Tu es un menteur.

-Je n’ai jamais menti pour toi et moi » indique-t-il calmement. « Je suis revenu te servir. Maintenant, veux-tu me suivre ?

-Pour allez où ? Je suis fille d’Isis, je ne peux pas quitter ma place. »

Un autre pas. « Viens avec moi dans le royaume de la nuit. Tu n’auras pas à quitter ton pays, ni même ce palais. Nous vivrons dans les cachots, et enchanterons le lac pour que personne ne puisse nous atteindre. »

Elle détourne le regard. La couronne d’Egypte sur sa tête vacille alors qu’elle tourne la tête, aussi peu sûre que le rôle qu’elle représente.

« Viens avec moi, fille d’Isis, et tu règneras sur la nuit comme Isis le fait.

-Tu me demandes de me rebeller contre mon propre peuple, de m’allier avec un ennemi de mon pays » se renfrogne-t-elle.

« Rome gagne toujours » note-t-il. « Dans peu de temps, ce pays deviendra romain, dans tous les cas. »

Elle regarde toute la cour d’Egypte rassemblée dans la salle, puis son frère, figé à ses côtés. Elle pense à être enceinte de ses enfants, et frissonne.

« Viens avec moi, princesse de la musique, et je t’enseignerai comment mettre la gloire en bouteille et distiller la grandeur.

-Dans un cachot ? Une fille d’Egypte ne vit pas cloîtrée dans un cachot » réplique-t-elle d’une voix claire, et elle recule, car il s’approche, et elle sait qu’elle sera perdue s’il parvient à la toucher.

« A Rome, alors » soupire l’esclave qui n’en est plus un, agrippant sa main. Il glisse la bague de son frère hors de son doigt et la jette. « Viens être princesse dans ma patrie.

-Rome n’a pas de prince. » Elle s’étrangle, car le contact de ses doigts allume un feu sous sa peau. « Elle n’a que des dictateurs.

-J’étais esclave de Rome depuis dix-neuf ans quand j’ai été acheté par l’intendant du pharaon. En revanche, j’ai un jour été prince de ma patrie, en Albion. Aide-moi à reprendre mon trône » profère-t-il.

« Albion ? » Albion n’est qu’une petite île dans les mers du nord, où les hommes portent des fourrures et la pluie tombe toujours. C’est une terre primitive et barbare qui coûte aux Romains de nombreux efforts infructueux.

Etrangement, la fille d’Isis est intéressée.

« Tu combattras à mes côtés, ma princesse. Laisse cette vie oisive derrière toi et tu seras libre. »

Un appel à la bataille ? En Egypte sont ses devoirs, mais il y a quelque chose d’autre pour lequel elle se sent profondément inclinée –le courage et la lutte contre les oppresseurs, arranger le mal.

Et si, dans frais et ombreux palais sur le Nil, elle représentait l’oppresseur ?

Et si elle avait été si engourdie par son rôle qu’elle avait négligé de lui donner sa liberté elle-même quand elle le pouvait ?

Et s’il mentait ?

Elle autorise ses doigts à se refermer autour de sa paume, et elle se délecte de l’ancienne sensualité de sa magie.

Il s’approche d’un dernier pas. Ses joues sont violacées de par la chaleur envahissant son corps. Il approche la tête de son oreille, et elle cesse de respirer. Quand elle recommence, elle inspire profondément son odeur, si profondément que cela la laisse étourdie.

« J’ai entendu une prophétie. » Son souffle brûle sa nuque. « Isis et le Thame se marieront, et un descendant d’Isis règnera un jour sur le trône d’Albion, et elle sera une souveraine si juste que l’on dira ‘cette part de la Justice que l’on nomme Equité.’ Rome gagne toujours, mais même elle finit par tomber. »

Elle est tentée. Elle ne croit pas aux oracles ni aux prophéties. Le nouveau sorcier de la cour, le Maccabée, a toujours réussi à l’ennuyer avec ses prédictions. Mais il y a une nouvelle possibilité qui retombe sur elle lorsqu’elle entend les mots de l’étranger.

« Tu chanteras pour moi » ordonne-t-elle, tentant de se raccrocher au fait creux qu’elle est la maîtresse et lui le serviteur.

Il lève son menton pour la forcer à le regarder. Comme toujours, une force dans son regard l’attire en lui, aussi lumineuse que le phare d’Alexandrie au travers de la nuit, pour guider les marins. Ses poignets fondent et elle se sent s’abandonner, une fois encore, à ses charmes.

Dès qu’il presse ses lèvres aux siennes, ils transplanent de la grande salle. Le pharaon et les nobles peuvent à nouveau s’étirer et respirer. La princesse est introuvable.

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Le soleil lui manquera, elle le sait, tout comme les raisins. Les lacs qu’elle traverse maintenant sont gelés en hiver, et des bêtes inconnues paissent dans les forêts. Mais il y a ici un pays entier à libérer, nouveau et inexploré, qui commence à remplacer son palais cloîtré au-dessus du Nil. Et il y a la musique, à ses oreilles, chaque nuit, elle ne peut donc pas vraiment regretter ce qu’elle a fait. La musique de la nuit la parcourt et la déclare nuit.

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Note de cabepfir : La reine comparée à Isis pour être ‘cette part de la Justice, qui est équité’ est Elizabeth Ière, d’après The Faerie Queene, de Spenser, V, VII, 3. Pour plus là-dessus, voyez surtout René Graziani, ‘Elizabeth at Isis Church’, PMLA, 79.4 (1964), pages 376 à 389. Le mariage du Thame et d’Isis (en réalité Thames sur Oxford) a donné naissance à la rivière Thames (Faerie QUEENE, IV, IX, 24).

« Force-moi à te garder comme prisonnier plutôt qu’invité » : A Winter’s Tale, I, ii, 51-52 (Hermione parle).

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Note d’Allersia : Un conte aux mille et une épices et pourtant doux comme du miel. Une jolie petite histoire qui s’accompagne parfaitement de « the music of the night ». *soupir romantique*

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Aë : Merci aussi à Darklinne.

La musique de la nuit (OS)
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A
J'aime décidément beaucoup cabepfir ; je pense vraiment qu'il n'y a pas une de ses fics que je n'ai pas trouvée originale et bien écrite. ^^<br /> <br /> N'empêche, je suis plus sûre de voir mes cours de latin sur les diverses civilisations antiques de la même façon, maintenant. J' vais certainement pas m'en plaindre. ♪
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A
super ^^<br /> à bientôt!
M
Jdr cette OS c'est sublime c'est une jolie histoire en plus romantique je kifff après je trouve sa mignon. Merci pour cette OS
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A
merci ^^
Z
C'est une histoire d'amour/conte fantastique très agréable à lire . Merci pour cette traduction !
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A
je t'en prie ^^<br /> à très vite!