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les fanfics d'Aë

Petite robe bleue 1

20 Octobre 2016 , Rédigé par Aësälys Publié dans #Fics courtes

Note de lena1987 : Comme d’habitude, Severus et Hermione appartiennent à  JKR. Ceci est maintenant un two-shot.

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Chapitre 1

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L’après-midi de décembre affiche un froid mordant et Pré-Au-Lard est couvert de neige. Alors qu’elle avance péniblement au travers, la tête penchée contre le vent, Hermione décide que le village ressemble à l’intérieur d’une boule à neige.

Les rues sont presque désertes, même si cela ne la trompe pas. La plupart des autres élèves sont là, quelque part, à acheter des cadeaux de dernière minute, et les magasins sont si remplis qu’ils pourraient exploser à tout instant. Mais peu sont dehors ; en fait, ils se pressent de boutique en boutique, se faufilent dans les allées surpeuplées et beuglent des excuses pour les courants d’air qu’ils provoquent en entrant.

Elle est emmitouflée sous de nombreuses couches, tentant ainsi de repousser le froid qui menace de geler ses os. Sa capuche est remontée et couvre presque son visage ; elle est globalement méconnaissable.

Une élève parmi les autres.

Ce qui est sans doute préférable, au vu de ce qui l’accapare en l’instant.

Les élèves ne se soucient pas de venir aussi haut dans la rue principale ; c’est logique, se dit-elle, puisqu’elle s’adresse plus à ceux qui vivent dans le village. Il y a les boutiques de fringues bizarres et un pub à l’allure indéfinissable domine tout le reste.

En dehors de ce magasin.

Il est minuscule. C’est en vérité une boutique de détail assez minable. Hermione se demande si elle devrait envoyer une suggestion anonyme par hibou puis abandonne l’idée, idiote.

Et puis, cela signifie qu’elle restera ainsi. Petite, accueillante.

Discrète.

Elle est si proche de la vitrine que son nez touche presque le verre. Le décor est beau, mais ce ne sont pas les fleurs qui cascadent depuis le plafond, à l’intérieur, qui ont attiré son regard.

Non –c’est la robe.

A côté de sa taille, dans la moyenne, elle est vraiment minuscule. Le mannequin ne dépasserait sans doute pas ses genoux.

Elle place ses paumes sur la vitrine et soupire. C’est enchanteur. Hermione peut la voir mentalement à présent, cette jolie petite robe bleue. Elle conviendrait à une petite fille –perdue dans son rêve éveillé, elle décide que la fille a de sauvages boucles d’acajou (car comment un bébé né de son corps pourrait ne pas hériter de ses cheveux atroces, après tout ?).

La robe est sans manche –du genre qui n’est absolument pas appropriée au temps actuel. De la dentelle entoure le col, juste une petite ligne d’un blanc pur. Le tissu du vêtement semble si doux qu’il pourrait être de la soie –quelle bêtise, pour un enfant, qui la tacherait en un instant, mais peut-être des charmes y ont-ils été ajoutés.

Parfois elle oublie où elle est vraiment –elle oublie qui elle est vraiment.

Surtout quand elle est ainsi concentrée sur la belle robe bleue. Hermione est trop jeune pour un enfant –elle n’est pas mariée, ni n’entretient de relation, bon sang, mais pendant un long moment, sa poitrine brûle de toute cette attente. Ca brûle tant qu’elle ne repère pas le fait qu’elle n’a que dix-neuf ans -vingt, maintenant, pour être honnête- et vient juste de survivre à une guerre.

Peut-être est-ce la période de l’année –elle est toujours un peu larmoyante, autour de Noël. Ca pourrait être la guerre ; y survivre a mené un désir de quelque chose de tangible plutôt que de poignées de mains pleines de sueur et de médailles fourrées dans sa paume par des personnalités aux voix discordantes.

Son cœur se serre pour cette petite fille qu’elle voit au fond de son esprit. Une petite fille qui tourne et virevolte, une fille qui tire la langue pour attraper la neige qui tombe.

Est-ce un aperçu de son futur ?

« Oh, je l’espère » souffle-t-elle avec recueillement, si perdue dans l’image qu’elle ne réalise pas que ses mains sont crispées sur son ventre vide.

Hermione remarque enfin la petite veste d’ivoire que la vendeuse a fait léviter sur un autre mannequin –elle doit accompagner la robe. Elle soupire encore, submergée par la simple et délicate beauté des vêtements.

Un enfant !

Elle n’a jamais vraiment pensé aux enfants –n’a jamais rêvé à un ventre rond ni à dix petits doigts et dix petits orteils. Tous ces concepts devraient lui être absurdes, à son âge.

Mais ce n’est pas le cas.

« Oh » souffle-t-elle, incapable de former des mots. Le désir est si fort qu’il est presque douloureux.

C’est alors qu’elle le voit.

Lui.

Il ne sait pas qu’elle l’a remarqué. Bien sûr que non –il a disparu en un clignement d’œil.

Il n’est qu’une ombre de l’autre côté de la rue, le dos calé contre le mur, les bras croisés serrés sur son torse.

Tout ceci est normal.

Et pourtant…

Elle ose dévisager son reflet. Même d’ici, elle peut voir comment son regard brûle ; elle peut aisément se figurer combien ses orbes d’obsidienne seraient intenses.

Il ne la regarde pas.

Non. Pas du tout.

Il est concentré sur la même chose qu’elle –il croit être en sécurité, car il a senti, même depuis l’autre côté de la rue, combien Hermione est absorbée par la petite robe bleue et chic dans la vitrine.

Il regarde la robe. Il la fixe, la buvant comme un homme dont la bouche serait sèche.

Hermione ne regarde plus la robe. Elle fait très attention ; elle ne fait rien d’autre que de bouger les yeux pour étudier son reflet, pour saisir la façon dont une de ses mains se tend, juste une seconde, comme pour rattraper une autre petite fille,  une aux soyeux cheveux raides, une qui a les yeux aussi sombres qu’un ciel nocturne.

Il est aussi perdu qu’elle.

Le voir ainsi lui coupe le souffle. Depuis son retour à Poudlard, il a été absent, silencieux, et presque discret, loin de ses habituelles méthodes d’enseignement. Il lève à peine la voix ces jours-ci, et elle l’a cru proche de la mort intérieure.

Jusqu’à maintenant.

Sa lèvre inférieure se plisse vers le bas en une légère grimace, et il ferme les yeux, comme si le désir de quelque chose qu’il pense ne jamais avoir est juste trop dur.

Le voir ainsi inquiète Hermione ; cela lui fait aussi mal que le désir de cet enfant fantôme l’a fait.

Elle ne veut pas le sortir de la scène qu’il a formée dans son esprit, quelle qu’elle soit –elle est sûre qu’elle doit être belle, que l’enfant à qui il pense doit être absolument époustouflante- mais elle ne peut supporter de le voir ainsi.

Pas après tout ce qu’il a fait.

En un mouvement si fluide que le Professeur Snape sursaute, surpris, elle fait volte-face et traverse la rue. Elle prétend ne pas l’avoir vu jusqu’à qu’elle  tente de le contourner pour entrer dans la boutique devant laquelle il avait pris place –un magasin de Divination à l’allure ennuyeuse- et elle s’écrase contre lui, volontairement.

« Oh ! » Hermione vacille un peu, et ses mains solides saisissent ses bras pour la stabiliser. Elle cligne des yeux pour chasser la neige de ses yeux et les lèves vers lui pour le voir la foudroyer du regard. C’est un soulagement, ce regard noir. Il a été absent de ses rictus habituels.

« Bonjour, Professeur Snape » murmure-t-elle, osant sourire pour qu’il soit suffisamment distrait pour garder ses mains sur elle. « Quelle belle journée. »

Il ne dit rien.

Il est si proche qu’elle commence à se demander si elle ne devrait pas l’embrasser. Cette pensée l’abasourdit, et à en juger par l’écarquillement de ses yeux, il est évident qu’il a vu la façon dont son regard a dérivé sur ses lèvres fines. Elle n’a jamais voulu embrasser le Professeur Snape auparavant.

Et pourquoi pas ? C’est une question valide, une qui mérite d’être réfléchie ; c’est un homme saisissant, frappant. Intelligent et presque beau de par sa grâce. Même ses cheveux –elle veut toucher les fines mèches de soie noire et voir par elle-même ce qu’il en est vraiment.

Hermione a si peu désiré un homme, quel qu’il soit.

Mais il l’a saisie, prise à sa ligne et ferrée, sans même l’avoir voulu.

Hermione déglutit et s’éclaircit la gorge. Il ne parlera pas ; elle sait maintenant qu’il ne dira pas même un mot.

L’atmosphère étrange, tendue, entre eux, est atroce, et elle ne sait comment s’en extraire. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle doit –elle doit le contourner, elle doit revenir au château, elle doit aller s’asseoir seule et analyser pourquoi, soudainement, et de façon très inattendue, elle veut que cet homme malheureux et amer se niche entre ses cuisses, pour bouger avec elle. Elle veut ses lèvres plissées vers le bas sur sa peau ; elle veut que ses longs doigts talentueux tracent des cercles le long de son dos.

Elle veut être le catalyseur qui lui redonnera le sentiment d’être en vie.

Hermione a presque le souffle coupé.

« Monsieur » marmonne-t-elle, ses joues affichant une teinte d’un rouge mortifié. Elle ne veut pas détourner le regard de ses yeux –il semble maintenant perdu, presque intrigué par cette fille maladroite qu’il tient toujours. Il penche la tête de côté. Son regard noir et dur s’adoucit.

« Monsieur ? »

Une porte s’ouvre quelque part au bas de la rue et le bruit qui cascade sur eux est suffisant pour que le Professeur Snape cligne deux fois des yeux puis lâche un soupir court et tendu. Ses doigts se décrispent et font lentement retraite de la chaleur de sa cape d’hiver.

Hermione ne veut pas qu’il parle. Elle sait qu’il va frapper à la jugulaire, l’insulter, d’une façon ou d’une autre, et elle ne veut pas ruiner la réalisation qu’elle le désire si férocement que sous toutes ses couches de vêtements, ses avant-bras brûlent de la façon dont il l’a tenue.

Et d’une certaine façon,  en juger par la manière dont sa bouche s’ouvre et se referme, Hermione pense qu’il en est arrivé à la même conclusion. Il baisse les yeux sur ses mains et les examine, comme s’il a été marqué de l’avoir touchée. C’est très révélateur ; excessivement gratifiant.

Elle doit partir.

« Bon après-midi, Professeur » expire-t-elle, brisant l’instant sans croiser son regard. Elle s’éloigne rapidement de lui, sans même se soucier d’entrer dans la boutique.

A la fin de la rue, elle est emplie de tentation et s’y abandonne. Hermione se retourne et le cherche.

Il est toujours là.

Elle sourit largement ; elle glousse même un peu.

Car il se tient toujours exactement au même endroit et que la présentation de la vitrine a été oubliée.

Maintenant, il la regarde.

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oOoOoOo

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Note de Cricri: jolie bluette... qui me touche particulièrement.... Mione me fait penser à moi....

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Note de Océe-Snape : C’est trop mignon *-*

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Aë : Merci, les filles !

Petite robe bleue 1
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A
Superbe !
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A
<3
C
Vraiment très jolie cette première partie!! Un grand merci Aë!
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A
je t'en prie ^^ je viens de sortir la suite!
N
Le même désir, désir d'enfant, de vie de famille... Vont-ils réussir à mettre cela en commun et nous faire une jolie petite fille qui portera cette petite robe bleue ? Ce serait rigolo qu'ils aient un garçon...<br /> Merci Aë, bises.
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A
XD<br /> effectivement ^^
Z
Deux êtres perdus qui se trouvent... Merci pour cette histoire !
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A
je t'en prie ^^
S
Que dire... c est super j adore ce premier chapitre
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A
youpie ^^