Comment ils se sont (à nouveau) rencontrés (OS)

14 Février 2017 , Rédigé par Aësälys Publié dans #OS

Comment ils se sont (à nouveau) rencontrés

de lena1987

Regards furtifs à travers la pièce. SSHG. Rien, mais fluff. OS.

Il était à une soirée. C'était ce genre de soirée stupide, vaine, une perte de temps. Mais il y avait de l'alcool et de la bonne nourriture... des femmes, aussi, mais pas...

Severus prit une autre petite gorgée de sa bière blonde. Aucune envie de se ridiculiser; c'était déjà assez étrange d'avoir quarante-huit ans et de regarder une pièce pleine de corps s'agitant, qui semblaient tous avoir dix ans de moins. Au moins était-ce une foule intellectuelle. Ca aurait pu être pire.

Il jeta un œil dans la pièce; là, les femmes papotaient de choses ou d'autres. Quatre d'entre elles -mains sur le cœur, l'autre sur leurs lèvres. Fascinantes, les femmes, même si elles passaient la majorité de leur temps à tenter de se dépasser l'une l'autre de leurs histoires de sexe ou d'homme, d'argent ou de sexe. Il trouvait les femmes intéressantes; au moins avaient-elles quelque chose à dire. Non pas qu'il soit généralement sur la même longueur d'ondes, mais c'était le cas en l'instant, non ?

Sans cela, ç'aurait été ennuyeux.

Il essuya sa bouche du dos de sa main. Il pensait comme un homme qui était en couple. Bordel de merde, c'était pas le cas. Quelque part en lui résidait un ado de quinze ans ne connaissant rien à rien.

« Tu t'amuses ? »

Severus haussa les épaules. « Pas vraiment. Je devrais y aller.

-Oh, reste ! » protesta Rolanda, passant un bras autour de lui. Le sherry trembla dans son verre. « Ca vient juste de commencer. »

Il jeta un œil à sa montre ; ses pieds s'agitèrent. « Je pense que j'en ai vu assez.

-Assez ? Regarde-les. C'est de ça dont il s'agit, tu sais.

-Tu plaisantes. »

Rolanda étouffa un rire. « Plus ou moins. J'aurais préféré. Mais c'est pour nous -c'est la foule avec laquelle nous devons travailler. Sans quoi nous ne serions tous qu'ex-élèves et ex-professeurs et je ne sais pas pour toi, mais je ne referai pas ça. »

Severus renifla et jeta un œil à la sorcière suspendue à son bras. « Tu es la cinglée qui est allée la chercher, pas moi. Je n'ai pas besoin de jouer d'après tes règles.

-Sale con. Padma était superbe » émit Rolanda, la voix traînante, arquant un sourcil de mauvais augure. « Mais ne me suis-je pas bien débrouillée ? » Elle désigna l'assemblée. « Regarde-nous ! Nous sommes les personnes semblant les plus intéressantes de la pièce.

-Je ne suis pas sûr qu'on puisse s'en vanter » nota-t-il vaguement, bien que ce fut vrai. Avec son noir sur noir sur noir, il ressortait, dans cette pièce pleine de jeans serrés et de lobes percés. Rolanda ne s'était pas embêtée à laisser de côté sa cape de vol -disant que ça lui donnait l'air énigmatique. Il n'en était pas si sûr.

« Dis-moi encore comment tu nous as mis dans cette... cette chose.

-Dans la galerie » précisa-t-elle, hautaine.

« Tu veux dire ta galerie. Je ne comprends toujours pas pourquoi tu as dépensé autant là-dedans ! Elle a la taille d'un...

-On peut pas être difficile à Édimbourg, tu le sais. Et cesse de te plaindre. Je t'ai amené ici, non ? C'est notre foule, Snape ! Non-magique, intellectuelle... exposée. »

Severus postillonna à tout va une gorgée de sa boisson. « Doux Jésus... De quoi? A quoi? Aux maladies?

-Au monde! » s'exclama-t-elle, triomphante. « Ce sont nos semblables ! Ils ont voyagé. Ils apprécient l'art. Ils sont hautement éduqués.

-Pire encore » grommela-t-il. « Je ne supporte pas les maquereaux.

-Arrête donc ! On ne va pas s'envoyer en l'air avec une catin ramassée dans un pub. Non. C'est de cela dont nous avons besoin. De gens pouvant voir un million de choses en un mouvement. De gens qui regardent une peinture et la dissèquent. De gens qui trouveront du sens dans n'importe quoi.

-Ce que tu essaies de dire » lâcha platement Severus, « c'est que nous devons nous entourer d'idiots de haute volée.

-Non ! Tu n'écoutes pas ?

-Pas vraiment » admit-il.

« Bon » lança-t-elle. « C'est simple, en vérité. Ces personnes veulent des complications. Elles veulent planter leurs crocs dans quelque chose, pour pouvoir aller s'en plaindre sur Wankbook, ou quel que soit le nom de ce truc. Qui peut tromper une sorcière ou un sorcier qui vous fera vomir des limaces. On ne peut pas. C'est nous, Snape. C'est nous. »

Severus descendit cul sec le fond de son verre. « Je ne pense pas vouloir en être. Je veux juste une femme sympathique. Une avec baguette, de préférence. Et je veux... »

Il s'interrompit brusquement.

« Oh » murmura Rolanda. Il pouvait entendre le sourire dans sa voix. « Et voilà. Tu es réparti.

-J'ignore à quoi tu fais référence » lâcha-t-il, les yeux fixés sur le dos d'une femme se tenant près d'un coin, et qui papotait avec un homme à l'allure étonnante qui affichait un trou de la taille d'un vif d'or dans chaque lobe d'oreille. Il déglutit, soudainement conscient du bourdonnement de la pièce et de la sueur sur ses paumes et de la bizarrerie générale de son long corps efflanqué.

Elle portait une ample robe grise ; ses cheveux sombres frisottaient jusqu'au bas de son dos. Ses yeux noirs suivirent la robe jusqu'à sa fin, juste au-dessus de ses genoux. Il y avait un fragment de collants noirs, avant que des bottes...

« Oh, des bottes » soupira Rolanda avec un sourire en coin.

« Des bottes » acquiesça-t-il sans réfléchir, perdu dans l'observation de ces bottes montant au genou et semblant peu confortables. « Ridicule.

-Oh, complètement. »

Elles avaient un petit talon, et étaient lacées jusqu'en haut. Il ne savait que penser d'elle – tout ce que Severus savait, c'était que la pièce lui semblait plus petite, plus proche, et qu'il voulait aller lui parler, de n'importe quoi.

Il y eut une pause dans sa conversation, et la femme se tourna de leur côté. Rolanda prit une brève inspiration, surprise, mais il ne comprit pas pourquoi. Il la trouvait d'une certaine façon familière, comme le sont la plupart des rues du Chemin de Traverse. Mais de là où il se tenait, tout ce qu'il pouvait apercevoir était d'étincelants yeux bruns, un rouge à lèvres et des clavicules qui lui donnèrent l'eau à la bouche.

Elle le vit.

Il eut l'audace de la laisser faire.

Elle lui jeta un coup d’œil, juste un rapide regard. Il l'observa ; lui fit comprendre qu'il l'observait.

Elle détourna encore le regard, mais ses yeux revinrent, semblant le mesurer. Ils s'écarquillèrent ; papillonnèrent. Il était trop concentré pour tenter de comprendre pourquoi... trop pris dans l'acte enivrant de la regarder, de la voir le regarder, et d'apprécier le va et vient. Elle prétendait que chaque regard n'était pas délibéré, et il s'agita sur place. Prit un autre verre. Fixa un moment la cuisine. Puis, revint sur elle. Elle rougissait. Il eut un sourire en coin, et se demanda s'il devait lui amener du rouge ou du blanc.

Voudrait-elle qu'il danse ? Il espérait que non -malgré sa démarche précise, il avait deux pieds gauches et avait longuement travaillé l'art de déplacer ses pieds sur la piste, apprenant à les camoufler dans les jupons volumineux de sa partenaire. D'un accord tacite, il ne dansait qu'avec Rolanda et Minnie, de toute façon -moins de risque d'exposition.

Son compagnon devait avoir dit quelque chose, car elle se retourna, et à nouveau il fit face à son joli dos.

« Tu sais » émit Rolanda, pensive, « c'est logique.

-Quoi donc ? » demanda-t-il, distrait par le comptage du nombre de boutons à l'arrière de sa robe. « Vraiment ?

-Vraiment. Elle est un peu jeune, en revanche.

-Hm, je suppose. Probablement. Chiotte.

-Quoi chiotte ? Ne laisse pas ça t'arrêter... je te l'ai dit. C'est notre soirée. Qu'est-ce qu'une ou deux décades quand nous aurons tous la même allure à cent ans ? »

Il lui fit face dans un reniflement. « Et si elle est Moldue ? » lâcha-t-il sèchement, déposant son verre vide sur une table proche. « Alors quoi ? »

Elle lui jeta son meilleur sourire 'tu te fous de ma gueule ?'. « Je sais que tu n'es pas aveugle -à moins que tu n'aies regardé son derrière plutôt que le holster de baguette sous sa manche ?

-Non. Vraiment ? » Avec un sourire satisfait, il jeta un œil par-dessus son épaule et remarqua un léger flou sur un de ses bras. « Joli rendu de sortilèges » commenta-t-il, se sentant plus léger qu'il ne l'avait été depuis le début de la soirée.

« C'est vraiment tout ce que tu peux dire ? » s'exclama Rolanda, ravalant un ricanement. « Oh, les hommes. Montrez-leur une jolie paire de jambes et ils sont faits.

-Pourquoi ? Qu'ai-je manqué d'autre ? » grommela Severus. « Devrais-je...

-Y aller ? Bien sûr.

-Me présenter, je suppose.

-Ca la ferait rire.

-Quoi ?

-Franchement » grogna-t-elle, agrippant ses épaules. « Tu joues aux regards-furtifs-d'un-bout-à-l'autre-de-la-pièce avec Hermione Granger, Severus. Je ne pense pas que tu aies le moindre besoin de te présenter. »

Les joues rouges, il se racla la gorge. « Bien. Très bien, alors. »

Hermione Granger ? Il ne l'avait pas vue depuis des années -dix, peut-être. Huit. Il ignorait ce qu'elle était devenue, mais il était curieux.Les bottes sexy et illogiques lui revinrent en vue alors qu'il repoussait une mèche de cheveux de ses yeux.

« Tu y vas ?

-Je ne sais pas.

-Tu n'as qu'une question à te poser » reprit Rolanda, sortant en silence sa baguette pour jeter un léger sort de chatouille vers sa cadette, de l'autre côté de la pièce. Immédiatement, la femme aux cheveux sauvages rejeta la tête en arrière et rit.

Severus cligna des yeux. Il sut instantanément qu'il voulait entendre ce son riche et clair. Il voulait le lui inspirer ; il voulait savoir exactement comment elle rirait entre ses bras, répondant à quelque chose qu'il aurait dit à son oreille.

« Et qu'est-ce que c'est ? » demanda-t-il.

« Que vas-tu lui amener : Pinot Noir ou Chardonnay ? »

Ses yeux noirs passèrent sur la fenêtre, observant la froide nuit de Novembre. « Pinot Noir » répondit-il, avant de se diriger vers la table à boissons, le sourire au lèvres.

oOoOoOo

Note de lena1987 : Et le reste revient à votre imagination, chers lecteurs. C'était sur AO3 depuis un moment en tant que cadeau, mais je pensais que les lecteurs voudraient aussi avoir un peu de lecture pour le Nouvel An :)

Bonne année ! Puisse votre 2017 être bien meilleur que votre 2016.

Aë: Merci à tralapapa et Cricri.